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Swami Sadananda Das
Vamandas3

  Swami Sadananda Das  

  Walther Eidlitz  

  (Vamandas)  

La relation de Swami Sadananda Dasa et Walther Eidlitz (Vamandas)

 

      Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'auteur et poète autrichien Walther Eidlitz devint le disciple de Svami Sadananda Dasa alors qu'ils étaient tous deux internés dans des camps d'internement indiens. Cette rencontre est documentée dans le livre autobiographique de Walther Eidlitz intitulé "Unknown India". Pendant cinq ans, il reçut des instructions spirituelles personnelles et étudia les textes de la bhakti et le sanskrit sous la direction de son guru dans des circonstances des plus hostiles: "Chaque fois que je venais voir Sadananda pendant ces jours-là, un bruit des plus effrayants rencontrait mes oreilles lorsque je franchissais la porte. Du troc se faisait depuis le lit de son voisin et, de plus, des joueurs de cartes étaient assis autour de l'unique table de la baraque, claquant les cartes sales. Assez souvent, ils se disputaient entre eux. Sadananda ne semblait pas être le moins du monde dérangé par tout cela. Il l'appela joyeusement: "C'est si gentil de ta part de venir me voir, Vamandas. Viens t'asseoir sur mon lit. Un dôme lumineux de paix semblait planer de manière invisible au-dessus du misérable lit de camp. Quand il commença sa narration, mes oreilles devinrent sourdes à tout autre bruit." (de: Inde Inconnue)

      Pourtant, la relation entre Vamandas et Sadananda n'était pas seulement qu'harmonieuse. Vamandas rapporte dans son carnet: «Il est capable de vous narguer et de se moquer de vous, de vous injurer, de vous blesser et de vous léser, de sorte que vous puissiez croire qu'il était le diable même, vous chassant ; mais en réalité tout cela n'est rien d'autre qu'une "grâce agressive". Le marteau qui frappe contre votre front (votre égoïsme) encore et encore, jusqu'à ce que des étincelles jaillissent, est un amour immensément fort de Dieu [bhakti]…» Dans son livre "Unknown India", il explique encore : "Peu à peu, j'ai appris à réaliser que chaque mot prononcé par Sadananda était l'expression de la bhakti, l'amour conscient de Dieu, et que toutes ses actions, qu'elles soient amicales ou raillantes pouvait être extrêmement dur et sévère étaient basées sur un effort pour éveiller l'atma dans les personnes avec qui il était en contact, pour que l'atma réalise sa vraie nature, pour être un serviteur de Krsna."

      Dans ses notes personnelles, cependant, Vamandas montre aussi l'autre côté affectueux, de Svami: "Comme un ange, il me guide et me porte. Quand j'ai pensé à lui hier... (agitation profonde)... il apparut immédiatement, se tenant tranquillement près de ma fenêtre : "Vamandas, tu es encore éveillé?". Dans un de ses journaux intimes, il résuma: "Pendant un an, j'ai vécu avec lui dans une minuscule pièce du camp et pourtant je ne le reconnaissais pas pour ce qu'il était; c'est-à-dire que parfois je le devinais et instantanément il se cachait à nouveau, comme faisant partie d'un jeu. Et c'est la grâce, la grâce, la grâce quand il montre sa vraie nature". Au cours de la période d'internement, il devint évident que tous deux étaient destinés à travailler ensemble afin de réaliser le souhait du guru de Sadananda, Bhaktisiddhanta Sarasvati, de traduire et d'expliquer les bhakti shastrams et de les faire connaître à l'Occident. Vamandas rapporta les paroles de son guru dans "L'Inde inconnue" comme suit : "Le chemin, Vamandas, sur lequel tu t'es engagé est long. Mais ne te décourage pas ! Combien de fois mon guru s'est-il plaint du fait qu'il n'avait jamais rencontré quelqu'un qui était prêt à consacrer toutes ses forces à la traduction et à l'explication du Bhagavatam. J'ai commencé, et j'ai passé de nombreuses années à le faire. Mais ma force n'est pas à la hauteur de la tâche. Veux-tu m'aider?" Et Vamandas nota la tâche que lui confia Sadananda lorsque, après sa libération, il était sur le point de partir pour la Suède: "Transporte en Occident le trésor spirituel que tu as trouvé ici en Inde." Mais il s'est avéré que Vamandas n'était pas encore prêt pour cette tâche. Déjà en 1952, Sadananda s'était plaint: " Mon cher Vamandasji, [...] je crois que le mieux serait que je brûle toutes mes notes pour la troisième fois. Tout cela est vain. Toi aussi, tu 'trahis' le secret et tu verses le vin de la Sainte-Communion dans les verres des tavernes – hélas!". Les espoirs de Sadananda avaient été si élevés que sa déception l'était autant. Il écrivit: "Tu ne dois pas mal prendre mes critiques sévères sur tes erreurs - c'est seulement parce que je t'aime si incroyablement, Vamandas, pour ton absorption dans le culte de la Bhakti, que j'ai l'audace de faire cela, d'être si dur avec toi - toi, qui as tant sacrifié pour moi. Mais rassure-toi, tes sacrifices ne s'agrippent pas à moi, comme les rayons du soleil passent par les fenêtres grandes ouvertes, ils vont vers Lui et Elle."

      Dans une autre lettre, il l'appelle son "véritable enfant" pour lequel il continuait à traduire sur son lit de malade en puisant dans ses dernières réserves d'énergie. Il s'avéra que la racine de toutes les difficultés de Vamandas était son attachement à son identité de poète. Swami lui expliqua: "Je ne sais pas où tu en es aujourd'hui. Ton malheur est que tu n'as pu ni reprendre ce qu'enseignent réellement le Jnana et l'Advaita vada de Shankara, chez Sri, ni t'amener à un "oui" authentique et libre avec sraddha dans ce qu'enseignent le Bhagavatam et Caitanyadeva. Tu continuera à essayer de lire tes propres pensées dans le Bhagavatam et tu te révoltera chaque fois que Caitanya enseigne quelque chose qui semble être en opposition avec ce que tu as lu dans le Bhagavatam dans une traduction déformée. Je n'ai aucune idée de la mesure dans laquelle cela a changé depuis longtemps. J'ai souvent l'impression que si ni vous deux [Vamandas et sa femme Hella] ne peuvent venir en Inde, ni moi en Suède, alors ni vos lecteurs, ni vos auditeurs, ni vous-même n'atteindrez jamais le but de la bhakti".

     Sadananda faillit rompre avec Vamandas après avoir lu son livre: "Die indische Gottesliebe" (L'Amour Indien de Dieu). En 1956, Sadananda écrit: «J'écris ces notes pour ton livre aujourd'hui, le 19 avril 1956, jour de l'apparition de Ramacandra. Je ne sais pas comment tu vas réagir à mes lettres et si, à partir de mes notes, tu vas éprouver et comprendre que dans ton livre, tu as écrit le contraire de ce que je t'ai expliqué et donné depuis 1942 - parce que la Révélation autorisée de la Parole de Dieu le dit. Et je ne sais pas si Krsna et Mahaprabhu te donnera le pouvoir de tout recommencer et s'ils te donneront le courage, après une réflexion approfondie et des regrets, d'écrire un livre sur l'amour de Dieu de façon à ce qu'il soit un acte de service au lieu d'aparadha; qu'il soit une aide pour les chercheurs, au lieu d'être partout et en tout point trompeur - et si dans un nouveau livre tu auras le courage d'écrire le contraire de ce que tu as écrit dans presque chaque ligne du présent livre."

       Sadananda lui expliqua que la raison de ce désastre était probablement que Vamandas, dès le début, s'était tourné vers le public alors qu'il luttait encore contre lui-même. Il n'était pas si facile de vaincre Maya dans son propre cœur. Au détriment de la qualité, il s'était précipité dans la "prédication" et la publication. Il poursuivit: "La malédiction sur l'ensemble des travaux antérieurs est la suivante: Sans avoir travaillé et assimilé les choses clairement et distinctement dans leur totalité, des livres furent composés à partir de toutes sortes de matériaux à la hâte; tu as quelques pierres de fondation, un demi-mur et quelques tuiles - mais peu importe que les gros bonnets universitaires et les hommes de lettres ici et là nous louent et nous soutiennent ou pas - tout dépend de ceux qui sont encore en vie, qu'ils recevront une connaissance claire par l'écoute; et de faire sankirtan, c'est-à-dire de transmettre d'une manière vraiment authentique et parfaite ce que nous avons entendu, et de le partager avec des amis; et de nous, il doit grandir et doit trouver un terrain fertile et plus d'amis qui aideront […]. A un ami commun, Sadananda se confia: "Walther pense plutôt en concepts de 'publicité' et d''influence' que ses livres et ses conférences pourraient avoir - c'est un véritable fardeau en effet, mais un poète de sa sorte semble devoir toujours penser à l'effet qu'il a ou pourrait avoir." Pour cette raison, Sadananda s'est senti obligé de revoir ses attentes à la baisse et de reconsidérer sa coopération avec Vamandas en Europe. Après sa première visite à Vamandas et à sa femme Hella en Suède en 1962, il résuma ses expériences comme suit : "C'était un crève-cœur et la plus grande déception de toute ma vie que Vamandas n'ait pas pris la peine de travailler sérieusement sur le Bhakti-Rasamrita-Sindhu, le Caitanya Caritamrita et le Caitanya Bhagavatam et qu'il n'ait pas travaillé sur les sources originales avec les aides à la traduction que je lui avais fournies. Je me sentais comme quelqu'un qui était venu pour enseigner Shakespeare et qui a été forcé d'enseigner l'A.B.C. à la place. [...] Je fais face aux ruines de ma ville de rêve et j'essaie de surmonter mon profond chagrin et d'être capable de voir les possibilités qui restent encore pour le seva de Prabhupada." - Après la calamité du 'Gottesliebe', ce fut le coup le plus dur de ma vie, que tu aies négligé de régler les choses. Il ne te manque pas - comme tu le dis - "la connaissance du lila", mais il te manque les principes intérieurs et les structures de base, il te manque la terminologie et tout le système de concepts - et c'est ce qu'enseignent le Bhakti-Rasamrita-Sindhu et l'Ujjvala-Nilamani. Si la grâce et l'amour et même le prema étaient aussi bon marché que tu l'ais fait croire aux gens là-bas, tout le Bhagavatam n'aurait pas été nécessaire."

      En conséquence, il conclut qu'il ne fournirait plus à Vamandas des traductions brutes mais seulement des traductions achevées. Il poursuivit en expliquant à leur ami commun: "J'avais l'intention de rester entièrement en arrière-plan et de laisser Vamandas écrire les livres - c'est-à-dire de laisser Vamandas façonner à merveille mes textes grossièrement traduits. Mais mes observations au cours des derniers mois à Forshults Gård m'ont montré que cela ne fonctionne pas. [...] A l'avenir, je vais faire toutes les traductions de telle sorte que rien ne reste à changer. Cela prendra plus de temps, mais puisque Vamandas n'est pas en mesure de le faire, il vaut mieux que je le fasse moi-même tout de suite." En 1962, il écrivit à Vamandas: "Tes travaux diffèrent des miens. Nous pouvons nous aider mutuellement. Je veux publier des textes, très proches de l'original, des textes qui obligent le lecteur à coopérer et à travailler très dur." Leur objectif commun consistait, comme le disait Sadananda, à rassembler d'abord ceux "qui ont la noblesse d'être autorisés à parcourir le chemin le plus magnifique en cet âge sombre (grâce au service de Dieu dans des vies antérieures) [...] - et, ensuite, à écrire en mots et en textes pour le futur, qu'il existe des choses divines si magnifiques, si grandes, si différentes de ce que l'homme attend et présume, afin que des gens comme Sadananda puissent au moins recevoir la vérité la plus profonde en mots corrects."

      Et déjà en 1955, il avertissait Vamandas dans une lettre que "tu ne peux pas rendre un plus mauvais service aux gens de l'Occident qu'en rendant les choses acceptables pour leur mentalité. La Vérité est aussi "révoltante pour la religiosité et la mentalité générales indiennes" [que pour la mentalité occidentale]. Tu es mon véritable enfant, Vamandas. [...] S'il te plaît, Vamandas, commence la révolution spirituelle!" Et malgré toutes les critiques et les déceptions, il écrit à Vamandas le jour de son anniversaire en 1975: "Cher Vamandas, je te félicite de tout cœur pour ton anniversaire. Que la grâce de Sri Krsna soit sur toi et te donne la force de continuer à Le servir pendant de nombreuses années encore et à diffuser Son message parmi les gens [...] Dis à tout le monde - que tout ce qu'ils font pour toi, ils le font aussi pour moi -."